Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/368

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pour votre bonheur ; souvenez-vous quelquefois à quoi j’eusse borné le mien.

Elle sortit en prononçant ces paroles, et laissa le marquis de la Valette dans un état plus aisé à imaginer qu’à représenter. Madame du Paraclet, que mademoiselle de Joyeuse en avait priée, vint pour remettre quelque calme dans son esprit. Il ne fut de long-temps en état de lui répondre ; ses actions, ses discours se ressentaient du trouble de son âme ; il voulait voir mademoiselle de Joyeuse, il voulait lui parler encore une fois : Je ne lui demande, disait-il, que quelque délai ; je me soumettrai ensuite à tout ce qu’elle voudra m’ordonner.

La sensibilité que mademoiselle de Joyeuse s’était trouvée pour M. de la Valette la pressait, au contraire, de se donner à elle-même des armes contre sa propre faiblesse : De grâce, dit-elle à madame du Paraclet, obtenez du marquis qu’il me laisse travailler à l’oublier ; obligez-le de s’éloigner : ce qu’il m’en coûte, ajouta-t-elle, pour le vouloir ne le dédommage que trop.

M. de la Valette ne pouvait se résoudre à ce départ auquel on le condamnait ; mais madame du Paraclet lui représenta avec tant de force la peine qu’il faisait à mademoiselle de Joyeuse, et l’inutilité de sa résistance, qu’il se vit contraint d’obéir. Toujours occupé de son amour et de ses regrets, il passa deux années dans une de ses terres, et ne retourna à la cour que lorsque la nécessité de remplir les fonctions de sa charge l’y obligea.

Mademoiselle de Joyeuse qui, en prononçant ses