Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/404

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maison attenante à cette même forêt ; qu’instruit par son hôte du péril où j’étais exposée, il me suivait avec encore plus de soin ; que l’épaisseur du bois lui donnait toute sorte de facilités de se cacher ; qu’il fut cent fois au moment de se jeter à mes pieds, d’obtenir son pardon ou de se donner la mort ; mais que les larmes qu’il me voyait répandre, et qu’il croyait que je donnais au seul souvenir de M. d’Hacqueville, le retenaient et lui faisaient éprouver en même temps ce que la jalousie a de plus cruel ; qu’enfin ce jour fatal, ce jour qui devait mettre le comble à toutes les infortunes de ma vie, le malheureux Barbasan, qui ne pouvait plus soutenir l’excès de son désespoir, s’avançait vers moi, lorsqu’il entendit mes cris, et qu’il vit le péril où j’étais.

Ce récit que me faisait Beauvais, me perçait le cœur, et c’était pourtant la seule chose que j’étais capable d’entendre.

Le corps de Barbasan avait été mis, par mon ordre, dans un cercueil de plomb ; j’allais l’arroser de mes larmes. Je nourrissais ma douleur de l’espérance que du moins un jour la même terre nous couvrirait tous deux.

J’aurais passé le reste de ma vie dans cette triste occupation, si le commandeur de Piennes n’était venu m’arracher de ce lieu. Ses prières et ses instances eussent cependant été inutiles, si le désir de revoir cet enfant, que la mort de son père m’avait rendu mille fois plus cher, et qui était devenu mon unique bien, ne m’avait rappelée à Paris. Je trouvai que la mort du duc de N… y était déjà oubliée. Sa famille,