Page:La Femme grenadier.djvu/8

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assuré un sort heureux pour toute sa vie.

Ignorant tous les événements qui s’étaient succédés avec tant de rapidité, je m’étais imaginée qu’en sortant de l’abbaye d’Hieres, j’allais avoir dans le monde un sort digne d’envie. Fille de qualité, riche, je m’attendais que la cour et la ville (que je ne connaissais pas plus l’une que l’autre) me procureraient des jouissances sans nombre ; je m’étais même déjà fait un plan de vie qui flattait si fort mon imagination, que je ne pus retenir mes larmes quand ma gouvernante, à la suite d’un long entretien qu’elle venait d’avoir avec M. Dorimond, (c’est le secrétaire de mon père) me dit qu’il fallait que je l’appelasse ma tante, et que ma sûreté personnelle exigeait que je cachasse à tout le monde mon nom, l’émigration de mon père m’en