Page:La Femme grenadier.djvu/90

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imagination tout ce que Lavalé avait fait pour nous, j’avais l’injustice de croire que c’était un devoir qu’il avait rempli, et que je lui devais beaucoup moins que je ne me l’étais figuré. Mon frère me donnait beaucoup d’humeur quand il exaltait les services de Dorimond et de Lavalé.

Nous avions déjà passé trois grands jours seuls, mon frère ne paraissait pas s’ennuyer. Il était tout le jour avec son jardinier ; il gâtait autant d’arbres qu’il en touchait, mais enfin il s’amusait ; et moi, je poussais de gros soupirs, qu’il ne faisait pas semblant d’entendre. Madame Daingreville s’amusait à faire de la tapisserie ; moi, je ne faisais rien, parce qu’on ne m’avait rien appris qui pût me faire passer le tems sans ennui. J’allais cent fois par jour dans le jardin : ma fierté ne me permettait