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LIVRE CINQUIÉME.

Puis sur le mets qu’on luy donne,
Delicat il souffle aussi.
Le Satyre s’en estonne,
Nostre hoste, à quoy bon cecy ?

L’un refroidit mon potage ;
L’autre réchauffe ma main.
Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre vostre chemin.

Ne plaise aux Dieux que je couche.
Avec vous sous mesme toit.
Arriere ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid.




VIII.
LE CHEVAL ET LE LOUP.



Un certain Loup, dans la saison,
Que les tiedes Zephirs ont l’herbe rajeunie,
Et que les animaux quittent tous la maison,
Pour s’en aller chercher leur vie ;
Un Loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l’hyver
Apperceut un Cheval qu’on avoit mis au vert.
Je laisse à penser quelle joye.
Bonne chasse, dit-il, qui l’auroit à son croc.
Eh ! que n’es-tu Mouton ? car tu me serois hoc :
Au lieu qu’il faut ruser pour avoir cette proye.
Rusons donc. Ainsi dit, il vient à pas comptez ;
Se dit écolier d’Hippocrate
Qu’il connoist les vertus et les proprietez
De tous les simples de ces prez :
Qu’il sçait guerir sans qu’il se flate
Toutes sortes de maux. Si Dom Coursier vouloit