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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/193

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LIVRE PREMIER (VII).




FABLE I.
LES ANIMAUX MALADES DE LA
PESTE.



Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puis qu’il faut l’appeller par son nom)
Capable d’enrichir en un jour l’Acheron,
Faisoit aux animaux la guerre.
Ils ne mouroient pas tous, mais tous estoient frappez.
On n’en voyoit point d’occupez
A chercher le soûtien d une mourante vie ;
Nul mets n’excitoit leur envie.
Ni Loups ni Renards n’épioient
La douce et l’innocente proye.
Les Tourterelles se fuyoient ;
Plus d’amour, partant plus de joye.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos pechez cette infortune ;
Que le plus coupable de nous