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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/65

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LIVRE PREMIER.


XX.
LE COQ ET LA PERLE.



Un jour un Coq détourna
Une Perle qu’il donna
Au beau premier Lapidaire.
Je la crois fine, dit-il,
Mais le moindre grain de mil
Seroit bien mieux mon affaire.

Un ignorant herita
D’un manuscrit qu’il porta
Chez son voisin le Libraire.
Je crois, dit-il, qu’il est bon ;
Mais le moindre ducaton
Seroit bien mieux mon affaire.




XXI.
LES FRELONS, ET LES MOUCHES A MIEL.



A l’œuvre on connoist l’Artisan.
Quelques rayons de miel sans maistre se trouverent :
Des Frelons les reclamerent.
Des Abeilles s’opposant,
Devant certaine Guespe on traduisit la cause.
Il estoit mal-aisé de decider la chose.
Les témoins déposoient qu’autour de ces rayons
Des animaux aîlez, bourdonnans, un peu longs,
De couleur fort tannée, et tels que les Abeilles,
Avoient long-tems paru. Mais quoy, dans les Frelons
Ces enseignes estoient pareilles.
La Guespe na sçachant que dire à ces raisons,