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CONTES ET NOUVELLES.
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Un jour de feste, arrive que la Dame,
En revenant de l’Église, passa
Prés d’un logis d’où quelqu’un luy jetta
Fort à propos plein un pannier d’ordure.
On s’excusa. La pauvre creature,
Toute vilaine, entra dans le logis.
Il luy falut dépoüiller ses habits.
Elle envoya querir une autre jupe,
Dés en entrant, par cette doüagna,
Qui hors d’haleine à Monsieur raconta
Tout l’accident. Foin ! dit-il, celuy-là
N’est dans mon Livre, et je suis pris pour dupe :
Que le recueil au diable soit donné.
Il disoit bien ; car on n’avoit jetté
Cette immondice, et la Dame gasté,
Qu’afin qu’elle eust quelque valable excuse
Pour éloigner son dragon quelque-temps.
Un sien Galant, amy de là dedans,
Tout aussi-tost profita de la ruse.
Nous avons beau sur ce sexe avoir l’œil :
Ce n’est coup seur encontre tous esclandres.
Maris jaloux, brûlez vostre Recueil,
Sur ma parole, et faites-en des cendres.



XI. — LE VILLAGEOIS QUI CHERCHE
SON VEAU.


Conte tiré des cent Nouvelles Nouvelles[1].


Un Villageois ayant perdu son Veau,
L’alla chercher dans la forest prochaine.
Il se plaça sur l’arbre le plus beau,
Pour mieux entendre et pour voir dans la plaine

  1. Nouvelle XII.