Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 2.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
TROISIESME PARTIE.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Avoit force devots ; de devotes pas une,
Car il n’en vouloit point avoir.
Si-tost qu’il crut son fils ferme dans son devoir,
Le pauvre homme le meine voir
Les gens de bien, et tente la fortune.
Ce ne fut qu’en pleurant qu’il exposa ce fils.
Voilà nos Hermites partis ;
Ils vont à la Cité superbe, bien bastie,
Et de tous objets assortie :
Le Prince y faisoit son sejour.
Le jeune homme tombé des nuës
Demandoit : Qu’est-ce là ? Ce sont des gens de Cour.
Et là ? Ce sont palais. Icy ? Ce sont statuës.
Il consideroit tout ; quand de jeunes beautez
Aux yeux vifs, aux traits enchantez,
Passerent devant luy ; dés-lors nulle autre chose
Ne pût ses regards attirer.
Adieu Palais ; adieu ce qu’il vient d’admirer ;
Voicy bien pis, et bien une autre cause
D’étonnement.
Ravi comme en extase à cet objet charmant :
Qu’est-ce là, dit-il à son pere,
Qui porte un si gentil’habit ?
Comment l’appelle-t-on ? Ce discours ne plut guere
Au bon Vieillard, qui répondit :
C’est un oyseau qui s’appelle Oye.
O l’agreable oyseau ! dit le fils plein de joye.
Oye, hélas, chante un peu, que j’entende ta voix.
Peut-on point un peu te connoistre[1] ?
Mon pere, je vous prie et mille et mille fois,
Menons en une en nostre bois,
J’auray soin de la faire paistre.

  1. Edition de 1685 :
    Ne pourroit-on point te connoistre ?