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CONTES ET NOUVELLES.

D’un certain jeu je viendray bien à bout :
Mais quant au foüet je n’y vaux rien du tout.
Qu’entend ce Rustre, et que nous veut-il dire ?
S’écria lors une de nos sans-dents :
Quoy ! tu n’es pas nostre faiseur d’enfans ?
Tant pis pour toy, tu payras pour le sire ;
Nous n’avons pas telles armes en main
Pour demeurer en un si beau chemin.
Tien, tien, voila l’ébat que l’on desire.
A ce discours, foüets de rentrer en jeu,
Verges d’aller, et non pas pour un peu ;
Meusnier de dire en langue intelligible,
Crainte de n’estre assez bien entendu :
Mes Dames, je… feray tout mon possible
Pour m’acquiter de ce qui vous est dû.
Plus il leur tient des discours de la sorte,
Plus la fureur de l’antique cohorte
Se fait sentir. Long-temps il s’en souvint.
Pendant qu’on donne au Maistre l’anguillade,
Le mulet fait sur l’herbette gambade.
Ce qu’à la fin l’un et l’autre devint,
Je ne le sçais, ni ne m’en mets en peine :
Suffit d’avoir sauvé le jouvenceau.
Pendant un temps les lecteurs, pour douzaine
De ces Nonains au corps gent et si beau,
N’auroient voulu, je gage, être en sa peau.



XIII. — LE CUVIER.


Soiez Amant, vous serez inventif ;
Tour ny détour, ruse ny stratageme
Ne vous faudront : le plus jeune aprentif
Est vieux routier dés le moment qu’il aime :
On ne vit onc que cette passion