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QUATRIESME PARTIE.

Tasche à la retirer, et se remettre au trosne ;
Mais celle-cy n’est pas personne
A ceder un poste si doux.
Sœur Claude, prenez garde à vous ;
Terese en veut venir aux coups :
Elle a le poing levé. Qu’elle ayt. C’est bien répondre :
Quiconque est occupé comme vous ne sent rien.
Je ne m’étonne pas que vous sçachiez confondre
Un petit mal dans un grand bien.
Malgré la colere marquée
Sur le front de la débusquée,
Claude suit son chemin ; le Rustre aussi le sien
Terese est mal contante, et gronde.
Les plaisirs de Venus sont sources de debats ;
Leur fureur n’a point de seconde :
J’en prens à tesmoin les combats
Qu’on vid sur la terre et sur l’onde,
Lorsque Paris à Menelas
Osta la merveille du monde.
Qu’un Pitaut faisant naistre un aussi grand procés
Tinst icy lieu d’Helene, une foy sans excés
Le peut croire, et fort bien ; troublez None en sa joye
Vous verrez la guerre de Troye[1].
Quoy que Bellone ayt part icy,
J’y vois peu de corps de cuirasse ;
Dame Venus se couvre ainsi
Quand elle entre en champ clos avec le Dieu de Trace.
Cette armure a beaucoup de grace.
Belles, vous m’entendez ; je n’en diray pas plus :
L’habit de guerre de Venus
Est plein de choses admirables !
Les Ciclopes aux membres nus
Forgent peu de harnois qui lui soient comparables ;
Celuy du preux Achille auroit esté plus beau,
Si Vulcan eust dessus gravé nostre tableau.

  1. Ces quatre derniers vers ont été supprimés à partir de l’édition de 1685.