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AVERTISSEMENT[1].


Il y a long-temps que cet Ouvrage est composé ; et peut-estre n’en est-il pas moins digne de voir la lumiere. Quand j’en conceus le dessein, j’avois plus d’imagination que je n’en ay aujourd’huy. Je m’estois toute ma vie exercé en ce genre de Poësie que nous nommons Heroïque : c’est assurément le plus beau de tous, le plus fleuri, le plus susceptible d’ornemens, et de ces figures nobles et hardies qui font une langue à part, une langue assez charmante pour meriter qu’on l’appelle la langue des Dieux. Le fonds que j’en avois fait, soit par la lecture des Anciens, soit par celle de quelques-uns de nos modernes, s’est presque entierement consumé dans l’embellissement de ce Poëme, bien que l’Ouvrage soit court, et qu’à proprement parler il ne merite que le nom d’Idile[2]. Je l’avois fait marcher à la suite

  1. Cet avertissement est celui qui précède le poëme dans le recueil intitulé : Fables nouvelles et autres Poësies de M. de La Fontaine ; à Paris, chez Denis Thierry, 1671, in-12.
  2. L’avertissement de la première édition, publiée en 1669, à la suite de Psiché, dans le recueil intitulé : Les Amours de Psiché et de Cupidon, se termine ainsi : « En quelque rang qu’on le mette, il m’a semblé à propos de ne le point sepa-