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P O Ë M E


DE LA


CAPTIVITÉ DE ST MALC [1]




Reyne des esprits purs, Protectrice puissante,
Qui des dons de ton Fils rends l’ame joüissante,
Et de qui la faveur se fait à tous sentir,
Procurant l’innocence, ou bien le repentir ;
Mere des Bien-heureux, Vierge enfin, je t’implore.
Fais que dans mes chansons aujourd’huy je t’honore :
Bannis-en ces vains traits, criminelles douceurs
Que j’allois mendier jadis chez les neuf Sœurs.
Dans ce nouveau travail mon but est de te plaire[2].
Je chante d’un Heros la vertu solitaire,
Ces deserts, ces forests, ces antres écartez,
Des favoris du Ciel autrefois habitez.
Les Lions et les Saints ont eu mesme demeure.
Là Malc prioit, jeusnoit, soûpiroit à toute heure ;
Pleuroit, non ses pechez, mais ceux qu’en nostre cœur

  1. Ce poëme, tiré d’une lettre de saint Jérôme (voy. Epistolæ D. Hieronymi, De vita Malchi captiviti monachi), a paru chez Claude Barbin en 1673.
  2. La Fontaine avoit déjà consenti à laisser paroître sous son nom le recueil de Poésies chrétiennes et diverses de M. de Brienne, qui s’étoit retiré à l’Oratoire après avoir été secrétaire d’état.