main nous traversmes la Beausse, pays ennuyeux, et {jul, outre l’inclination que j’ai . dormir, nous en Iournissoit un trs-beau suiet. Pour s’en emp.cher, on mit une question de controverse.sur le tapis : notre Comtesse en rut cause elle est de la Religion, et nous montra un livre de du Moulin ; M. de CMte.uneuf (c’est le no,m du valet d.e pied) I’entreprit, et lui dit que sa Religion.nO.valott rien. pour bien des raisons. Premi6rement, Luther a eu le.ne sai combien de bfitards ; les Huguenots ne vont lamais a la messe ; enfin il lui conseilloit de se convertir, si elle ne vouloit aller en Enfer : car le Puratoire n’toit pas fait pour des gens cornroe 9lie. La Poitevine se mt aussi-t6t sur l’lcriture, et demanda un passage oh il ffit par16 du Purgatoire ; pendant’cela le Notaire chantoit touiours, M. Jeannart et moi nous endormlmes. L’aprs-din6e, de crainte que M. de Chgteauneuf ne nous remit sur la controverse, ie’demandai t notre Comtesse inconnu s’il y avoit d6 belles personnes Poitiers ; elle nous en riomina quelques-unes, entr’autres une fille appellee Barigny, de condition mkdtocre, car son jpere n’6toit que Tailleur, mais au rest, e on ne pouvot dire assez de choses de la beaut6 cette personne. C’6toit une claire brune, d e bell.e. tai le, la gorge admirable, de I’embonpoint ce qu’d en falloit, tousles traits du visage bien faits, les yeux beaux ; si bien qu’. tout prenc]re il y avoit peu de chose t soubaiter ; car rien, c’est trop dire : Enfin non seulement les Astres de la Province, mas ceux de la Cour lui devoient cdder, jusques-Ih que.dans un Bal oh dtoit le Roi ds que la Barigny fut entrde, elle effaa ce qu’il y avoit de brillant ; .lesplu. s grands soleils ne parurent auprs que de simples lis. Outre cela elle savoit les Romans, et ne manuoit pas d’esprit. Qant . sa condu[te, on la te.noit ans Poitiers our honnite fille, tant qu’un martag ? ale conscience se PeUt dtendre. Autrefms un Gent ! l-
