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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/122

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Uranie.

Je la connois aussi.


Apollon.

Je la connois aussi. Comment, vous, Uranie !
Qui n’ont pas des employs du tout si relevez,
M’en apprendront encor plus que vous n’en sçavez.


Polymnie.

Oüy, Sire, nous pouvons vous en parler chacune.


Apollon.

Si ma priere n’est aux Muses importune,
Devant moy tour à tour chantez cette beauté ;
Mais sur de nouveaux tons, car je suis dégousté.
Que chacune pourtant suive son caractere.


Euterpe.

Sire, nous nous sçavons toutes neuf contrefaire :
Pour si peu laissez-nous libres sur ce point-là.


Apollon.

Commencez donc, Euterpe, ainsi qu’il vous plaira.


Euterpe.

Que ma compagne m’ayde, et puis en dialogue
Nous vous ferons entendre une espece d’Églogue.


Apollon.

Therpsichore, aydez-la : mais sur tout évitez
Les traits que tant de fois l’Églogue a repetez ;
Il me faut du nouveau, n’en fust-il point au monde.


Therpsichore.

Je m’en vais commencer ; qu’Euterpe me réponde
Quand le Soleil a fait le tour de l’Univers,
Ce n’est point d’avoir veu cent chef-d’œuvres divers,
Ny d’en avoir produit, qu’à Thetis il se vante,
Il dit : J’ay vue Climene, et mon ame est constante.