Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/13

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Qui n’en sort qu’à regret est tout prest d’y rentrer.

Phœdrie

Tay-toy, j’entends du bruit ; quelqu’un sort de chez elle.

Parmenon

Que vous faites bon guet !

Phœdrie

Que vous faites bon guet ! Si c’estoit ma cruelle ?

Parmenon

Déja vostre, bons Dieux !

Phœdrie

Déja vostre, bons Dieux ! Ah !

Parmenon

Déja vostre, bons Dieux ! Ah ! Retenez vos pleurs.

Phœdrie

Je sçay qu’elle est perfide, et je l’ayme, et je meurs,
Et je me sens mourir, et n’y vois nul remede,
Et craindrois d’en trouver, tant l’amour me possede.

Parmenon

L’aveu me semble franc, libre, net, ingenu.

Phœdrie

Tu vois en peu de mots mes sentiments à nu.

Parmenon

Si je les voyois seul, encor seriez-vous sage ;
Mais cette femme en voit autant ou davantage,
Et connoist vostre mal ; non pas pour vous guerir.

Phœdrie

Je ne vois rien d’aisé comme d’en discourir ;
Mais si tu ressentois une semblable peine,
Peut-estre verrois-tu ta prudence estre vaine.

Parmenon

Au moins, s’il faut souffrir, endurez doucement,