Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/132

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Acante.

Et le pourriez-vous voir traiter de son amour
Pour un simple baiser, souvent froid, toûjours court ?


Climene.

On redouble en ce cas.


Acante.

On redouble en ce cas. Ouy, d’autres que Climene.


Climene.

Éprouvez-le.


Acante.

Éprouvez-le. Dequoy vous mettez-vous en peine ?


Climene.

Moy ? de rien.


Acante.

Moy ? de rien. Cependant je vois qu’en vostre esprit
Le refus de vos dons jette un secret dépit.


Climene.

Il est vray, ce refus n’est pas fort à ma gloire.
Dédaigner mes baisers ! cela se peut-il croire ?
Acante, je le vois, n’est pas fin à demy :
Il devoit aujourd’huy promettre d’estre amy :
Demain il eust repris son premier personnage.


Acante.

Et Climene auroit pû souffrir ce badinage ?
Un baiser n’auroit pas irrité ses esprits ?


Climene.

Qu’importe ? L’on s’appaise, et c’est autant de pris.
Vous en pourriez déja conter une douzaine.


Acante.

Madame, c’en est trop : à quoy bon tant de peine ?
Pour douze d’amitié donnez m’en un d’Amour.