L’un meurt, l’autre soûpire, et l’autre en son transport
Languit et se consume ; est-il plus douce chose ?
Climene, usez-en bien : vous n’aurez pas toûjours
Ce qui vous rend si fiere et si fort redoutée :
Caron nous passera sans passer les Amours ;
Devant ce temps-là mesme ils vous auront quittée.
Vous vivrez plus long-temps encor que vos attraits ;
Je ne vous réponds pas alors d’estre fidelle ;
Mes desirs languiront aussi bien que vos traits ;
L’Amant se sent déchoir aussi bien que la Belle.
Quand voulez-vous aimer que dans vostre Printemps ?
Gardez-vous bien sur tout de remettre à l’Automne :
L’Hyver vient aussi-tost ; rien n’arreste le temps ;
Climene, hastez-vous, car il n’attend personne.
Sire, je m’en tiens-là ; bien ou mal il suffit :
La Morale d’Horace, et non pas son esprit,
Se peut voir en ces Vers.
Que vous, qui d’ordinaire aimez si fort à rire,
Demeurez Taciturne, et laissez tout passer ?
Je rêvois, puisqu’il faut, Sire, le confesser.
Sur quoy ?
Sur le debat qui s’est émeu n’aguere.
Sçavoir si vous aimez ?
Autrefois j’estois fiere.