Après ces paroles, Ismèle, comme possédée du dieu, danse avec les autres prêtresses, tantôt comme si elles allaient tomber en extase, et tantôt avec des contorsions étranges. Pendant qu’elles dansent, des enfants, en guise de petits démons, et représentant les simulacres et les espèces qui s’offrent aux yeux, viennent de divers endroits du ciel se présenter à Ismèle, portant des branches et des couronnes de laurier. Ismèle, ayant vu ces objets, dit.
Que vois-je ! Quel objet ! Quelle image à mes yeux
Si vive et si claire
Vient se présenter,
Et me tourmenter
Plus qu’à l’ordinaire ? [640]
L’objet
Me fait
Tressaillir :
Je sens
Mes sens [645]
Défaillir.
AMPHRISE
Les dieux à leur interprète
Ont fait un étrange don ;
Ne peut-on être prophète,
Si l’on ne perd la raison ? [650]
APIDAME, SPERCHEE et AMPHRISE
Les démons
Vont l’agitant,
Ses poumons
Vont haletant ;
Et son cœur va palpitant. [655]
Les ressorts
De son corps,
Son esprit,
Tout pâtit.
ISMELE
Qu’on se taise : soyez attentifs aux mystères.