Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/242

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n courtaud,
Comme un petit Saint-George avec cet équipage,
Sans avoir le dessein de faire aucun dommage,
Foi d’avocat ! Ayant joint la troupe au faubourg,
Nous avons pris d’ici le chemin le plus court ;
Tantôt caracolant devant, tantôt derrière,
Et tantôt cajolant l’une ou l’autre portière,
Faisant couler le temps, gagnant toujours pays,
En propos gaillardins, réjouissants devis,
Nous nous sommes trouvés proche votre avenue.
D’abord votre présence ayant frappé ma vue,
Pied à terre aussitôt j’ai mis avec eux tous ;
Vous nous avez reçus bras-dessus bras-dessous.
Pour jouir en chemin de votre air amiable,
J’ai voulu remonter à cheval, c’est le diable !
En montant le matin dans ma cour bien et beau
Je m’étais dextrement aidé d’un escabeau ;
Mais, en pleine campagne étant sans avantage,
La pâleur de han-han m’est montée au visage.
Toutefois prenant cœur pour cet exploit guerrier,
J’ai vaillamment porté mon pied à l’étrier ;
D’une main empoignant le pommeau de la selle,
Pour porter l’autre jambe en l’autre part d’icelle,
Je me guindais en l’air quand la selle a tourné ;
Au crin tout aussitôt je me suis cramponné ;
Enfin, cahin-caha, j’avais monté ma bête.
La chose jusque-là n’avait rien que d’honnête ;
Mais malheureusement ce maudit mousqueton,
Ayant entortillé mes jambes de son long,
S’est trouvé sur la selle, et juste entre mes fesses.
Pour m’affermir dessus, sensible à ces détresses,
Mes pieds trop courts cherchant mes étriers trop longs,
Ont fait à mon cheval sentir leurs éperons
Dans un endroit douillet où jamais la molette
N’avait piqué cheval. Il part, marche à courbette,
Plus fort que ne voulait un quasi-Phaéton
Dont le corps ne portait que sur un mousqueton.