Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/342

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'air ;

D'un logis près, un home en faisait de même.

Je ne le voyais pas d'abord ; mais...

HARPAGÊME

Harpagême.

Vous le fit remarquer, n'est-ce pas ?

HORTENSE

Justement.

Il me dit, tourmenté par son tempérament,

Que, sans doute, cet homme était là pour me plaire,

Et m'ordonna surtout, fulminant de colère,

De ne me plus montrer, lorsque je l'y verrai.

Instruite à ce discours de ce que j'ignorais,

J'examinais ses yeux, son maintien, son visage,

Et je vis qu'Harpagême avait dit vrai.

HARPAGÊME

J'enrage.

HORTENSE

Cet homme enfin, Monsieur, dont Timante est le nom,

Ma fit voir en ses yeux qu'il m'aimait tout de bon.

Il est jeune, bien fait, sa personne rassemble,

Dans leur perfection, tous les bons airs ensemble,

Magnifique en habits, noble en ses actions, Charmant...

HARPAGÊME

Passez, passez sur ses perfections :

Il n'est pas question de vanter son mérite.

HORTENSE

Pardonnez-moi, Monsieur. Dans l'ardeur qui m'agite,

Il me semble à propos de vous bien faire voir

Que celui pour qui seul j'ai trahi mon devoir,

Possédant dignement tout ce qu'il faut pour plaire,

À de quoi m'excuser de ce que j'ai pu faire.

Timante est en vertus (et j'en suis caution)

Tout ce qu'est Harpagême en imperfection.

HARPAGÊME