Ne le soupçonnez pas, ma sœur.
Voici pourtant ses traits, peux-tu les méconnaître ?
Je connais encore mieux son cœur ;
Tout m'est suspect, tout vous doit l'être
Quelque ennemi secret vient d'imiter sa main.
Dédiras-tu nos yeux, qui l'ont vu ce matin
Embrasser les genoux d'Aminte ?
C'est un reste de feinte ;
Vous-même avez pu voir avec quelle contrainte
Il feignait des transports qu'il ne pouvait sentir.
Qu'un véritable amant a de peine à mentir !
Eh ! Qu’il ne mente plus.
Sait-il votre pensée ?
Il voit, depuis quelques jours
Que sa flamme est traversée,
Et qu'on trouble vos amours
Il veut vous ménager, en exposant Aminte.
Que ne me l'a-t-il dit ?
Sans doute il ne l'a pu.
Mon cœur à Céladon n'était que trop connu
N'aurait-il pas prévu ma crainte
Si l'ingrat, d'autres soins occupé, prévenu...