Je vois qu'en secret tu me blâmes
D'avoir pu concevoir de si honteuses flammes ;
Mais, hélas ! Qui n'aurait vainement combattu
Contre les traits dont il a su m'atteindre ?
Il allait expirer ; l'onde venait d'éteindre
Le vif éclat de ses attraits :
La pitié lui prêta ses traits.
L'oracle, les destins, tout lui fut favorable.
Rien ne vint s'opposer à ma naissante ardeur.
Que de raisons ont fait entrer dans votre cœur
Un ennemi si redoutable !
Mes yeux me trompent-ils ? C'est à toi d'en juger.
Princesse, il est charmant ; mais ce n'est qu'un berger.
Par les nœuds de l'hymen le sceptre et la houlette
Se sont uni plus d'une fois.
L'amour n'est plus amour, dès qu'il cherche en ce choix
Une égalité si parfaite.
Mon cœur est excusable, et Galatée enfin
Serait-elle, sans toi, dans cette peine extrême ?
Léonide, ce fut toi-même
Qui me fis, malgré moi, consulter ce devin.
" Princesse, me dit-il, voici votre destin
Une étoile ennemie autant que favorable,
Peut vous rendre en hymen heureuse ou misérable.
Dans ce miroir regardez bien ces lieux :
Vers le déclin du jour il faudra vous y rendre ;
Celui qui s'offrira le premier à vos yeux
Est l'époux que le Ciel vous ordonne de prendre. "
J'aperçus ce berger : résisterai-je aux dieux ?