Thaïs
Je ne l’aurois pas crû si beau, ny si bien fait.
Parmenon
On l’appelle Doris ; et quant à son adresse,
En tout ce que l’on doit apprendre à la jeunesse
On l’a, dés son jeune âge, instruit et façonné.
À quoy que de tout temps il se soit adonné,
Soit aux arts liberaux, soit aux jeux d’exercice,
À sauter, à luitter, à courir dans la lice,
Il a tousjours passé pour un des plus adroits ;
Enfin, permettez-luy de parler quelquefois,
Vous l’entendrez bien-tost en conter des plus belles ;
Il vous entretiendra de cent choses nouvelles.
Mon Maistre cependant n’exige rien de vous ;
Vous ne le trouverez importun ny jaloux ;
Il ne vous contera ny bons mots ny faits d’armes ;
Et vous pouvez, Thaïs, disposer de vos charmes
Sans craindre qu’il s’offence et vous tienne en soucy,
Comme un de vos amans qui n’est pas loin d’icy :
Faites entrer chez vous Soldats et Parasites,
Pourveu qu’il puisse rendre à son tour ses visites,
(J’entens quand vous serez d’humeur, ou de loisir)
Il se tiendra content par de là son desir,
Thrason
Si ton Maistre avoit dit ce que tu viens de dire…
Parmenon
Comme j’en suis l’autheur, vous n’en faites que rire ?
Thrason
Dois-je contre un valet employer mon courroux ?
Que t’en semble, Gnaton ?
Gnaton
Seigneur, épargnez-vous.
Thrason
Je te croiray. Thaïs, ce parleur m’incommode.