Scène 7
Parmenon
Je me plaignois, Monsieur, de vostre longue absence.
Damis
En ma maison des champs je trouve un goust exquis,
Et ne fis jamais mieux qu’alors que je l’acquis.
Parmenon
Sophrone et vos enfans sont d’avis tout contraire.
Damis
Les voir changer d’humeur n’est pas ce que j’espere,
Bien loin de se reduire au champestre sejour,
Ma femme ayme à causer, mon aisné fait l’amour.
Parmenon
Cette façon d’agir plairoit à peu de Peres ;
Quand il s’agit d’amours, presque tous sont severes ;
À cét aage impuissant lors qu’ils sont arrivez,
Ils donnent des conseils qu’ils n’ont point observez.
Damis
Quant à moy, je me rends plus juste et plus commode ;
Non qu’il faille en tout point que l’on vive à sa mode,
Mais aymer quelque peu ne fut jamais blâmé,
Et moy-mesme autresfois je m’en suis escrimé.
Il est vray que le gain n’en vaut pas la dépense :
Aux uns il faut presens, aux autres recompense,
Corrompre les valets, et les entretenir ;
Mais les Dieux m’ont tousjours donné pour y fournir.
Si je fais peu d’acquest, que mes fils s’en accusent,
C’est eux, et non pas moy, qu’apres tout ils abusent.
Ayant connu d’abord mon esprit indulgent,