Gnaton
Faites venir vos gens, et puis laissez-moy faire.
Phœdrie, à Chremès
Chremès, vostre conseil est icy necessaire ;
Et vous aussi, mon frere, approchez un moment.
Gnaton, retourne vers Thrason
Seigneur, j’ay ménagé vostre accomodement ;
Chacun poura servir cette femme à sa mode,
Et crois que ce Rival se rendant incommode,
Thaïs le quittera pour estre toute à vous.
On ne trouve jamais son compte à des jaloux :
Vostre bource d’ailleurs n’estant point épargnée,
L’interest vous pourra donner cause gagnée ;
Et, fust-elle d’humeur à le trop negliger,
Vostre merite seul suffit pour l’engager.
Thrason
Je t’entens. Que faut-il à present que je fasse ?
Gnaton
D’abord à ces Messieurs vous devez rendre grace,
Et reconduire apres vos trouppes au logis,
Où, comme en quelque port heureusement surgis,
Apres tant de travaux, de dangers et d’alarmes,
En beaux verres de vin nous changerons nos armes,
Beuvant à la santé de nostre Conducteur,
Qui de cette victoire a seul esté l’auteur.
Thrason
Je croy que c’est le mieux que nous puissions tous faire.
À Phœdrie, et à sa Trouppe.
Messieurs, ne suis-je point en ce lieu necessaire ?
Phœdrie
Comment ?
Thrason
Je me retire, et mes gens avec moy.