Page:La Fontaine - Contes, Herhan, 1803.djvu/161

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De votre époux: il m'a joué ce trait;
Et ne prétend qu'aucune repartie
Soit du marché: mais j'y sais un secret.
Rien n'y fera pour le sûr sa défense.
Je saurai bien me répondre pour vous:
Puis ce coin d’œil par son langage doux
Rompt à mon sens quelque peu le silence.
J'y lis ceci: Ne croyez pas, Monsieur,
Que la nature ait composé mon cœur
De marbre dur. Vos fréquentes passades,
Joutes, tournois, devises, sérénades,
M'ont avant vous déclare votre amour.
Bien loin qu'il m'ait en nul point offensée,
Je vous dirai que des le premier jour
J'y répondis, et me sentis blessée
Du même trait; mais que nous sert ceci ?
Ce qu’il nous sert ? je m'en vais vous le dire:
Etant d'accord, il faut cette nuit-ci
Goûter le fruit de ce commun martyre;
De votre époux nous venger et nous rire;
Bref le payer du soin qu'il prend ici;
De ces fruits-là le dernier n'est le pire.
Votre jardin viendra comme de cire:
Descendez-y, ne doutez du succès:
Votre mari ne se tiendra jamais
Qu'à sa maison des champs, je vous l'assure,
Tantôt il n'aille éprouver sa monture
Vos douagnas en leur premier sommeil,
Vous descendrez, sans nul autre appareil
Que de jeter une robe fourrée
Sur votre dos, et viendrez au jardin.
De mon côté l’échelle est préparée.