Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/11

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chez elle et en pourvoyant à tous ses besoins pendant vingt années : ce furent les plus heureuses de sa vie.

Elle venait de renvoyer à la fois tous ses domestiques. La reconnaissance et l’amitié de notre poëte pour cette aimable dame furent sans bornes, il l’a immortalisée dans ses chefs-d’œuvre.

On a remarqué que Louis XIV ne fit pas tomber ses bienfaits sur la Fontaine comme sur les autres génies qui illustrèrent son règne. Ce prince ne goûtait pas assez le genre dans lequel ce conteur charmant excella : il traitait les fables de la Fontaine à peu près comme les tableaux de Téniers.

La bienfaitrice du poëte enfant étant morte, il se rendait chez M. d’Hervart, son ami, qui le rencontra : « J’ai su, lui dit-il, le malheur qui vous est arrivé ; vous logiez chez madame de la Sablière ; elle n’est plus. Je vous prie de venir habiter ma maison. — J’y allais, répondit le poëte. » Cet abandon touchant de confiance est un digne hommage rendu à l’amitié généreuse.

Il mourut à Paris, le 15 avril 1695. Il faisait partie de l’Académie française depuis 1684.

Parmi les ouvrages immortels qui nous restent de cet homme inimitable, il faut placer au premier rang ses Fables que tout le monde connaît et a su apprécier. Quelle aisance ! quelle vivacité, quelle finesse à la fois et quelle naïveté ! car il réunissait ces deux qualités à un degré supérieur, et c’est ce mélange qui fait le prodige. C’est véritablement le poëte de la nature, surtout dans ses fables, on dirait qu’elles sont tombées de sa plume.

D.-A.