Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/167

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L’alouette à l’essor, le maître s’en vient faire
Sa ronde ainsi qu’à l’ordinaire.
Ces blés ne devraient pas, dit-il, être debout.
Nos amis ont grand tort ; et tort qui se repose
Sur de tels paresseux, à servir ainsi lents.
Mon fils, allez chez nos parents
Les prier de la même chose.
L’épouvante est au nid plus forte que jamais.
— Il a dit ses parents, mère ! c’est à cette heure…
— Non, mes enfants ; dormez en paix :
Ne bougeons de notre demeure.
L’alouette eut raison car personne ne vint.
Pour la troisième fois, le maître se souvint
De visiter ses blés. Notre erreur est extrême,
Dit-il, de nous attendre à d’autres gens que nous.
Il n’est meilleur ami ni parent que soi-même.
Retenez bien cela, mon fils. Et savez-vous
Ce qu’il faut faire ? Il faut qu’avec notre famille
Nous prenions dès demain chacun une faucille :
C’est là notre plus court ; et nous achèverons
Notre moisson quand nous pourrons.
Dès lors que ce dessein fut su de l’alouette :
C’est ce coup qu’il est bon de partir, mes enfants !
Et les petits, en même temps,
Voletants, se culebutants,
Délogèrent tous sans trompette.

fin du quatrième livre