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Qu’ils étaient, et que tous ceux
Qui souhaitent toujours et perdent en chimères
Le temps qu’ils feraient mieux de mettre à leurs affaires :
Le follet en rit avec eux.
Pour profiter de sa largesse,
Quand il voulut partir et qu’il fut sur le point,
Ils demandèrent la sagesse :
C’est un trésor qui n’embarrasse point.


VII

LA COUR DU LION

Sa majesté lionne un jour voulut connaître
De quelles nations le ciel l’avait fait maître.
Il manda donc par députés
Ses vassaux de toute nature,
Envoyant de tous les côtés
Une circulaire écriture
Avec son sceau. L’écrit portait
Qu’un mois durant le roi tiendrait
Cour plénière, dont l’ouverture
Devait être un fort grand festin,
Suivi des tours de Fagotin[1].
Par ce trait de magnificence
Le prince à ses sujets étalait sa puissance.
En son louvre il les invita.
Quel louvre ! un vrai charnier, dont l’odeur se porta
D’abord au nez des gens. L’ours boucha sa narine :
Il se fût bien passé de faire cette mine ;
Sa grimace déplut : le monarque irrité
L’envoya chez Pluton faire le dégoûté.

  1. Nom d’un singe.