Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/433

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Déjà ma main en fondait la durée
Sur ce bel art qu’ont les dieux inventé,
Et sur le nom de la divinité
Que dans ce temple on aurait adorée.
Sur le portail j’aurais ces mots écrits :
Palais sacré de la déesse Iris ;
Non celle-là qu’a Junon à ses gages ;
Car Junon même et le maître des dieux
Serviraient l’autre, et seraient glorieux
Du seul honneur de porter ses messages,
L’apothéose à la voûte eût paru :
Là, tout l’Olympe en pompe eût été vu
Plaçant Iris sous un dais de lumière,
Les murs auraient amplement contenu
Toute sa vie ; agréable matière,
Mais peu féconde en ces événements
Qui des États font les renversements,
Au fond du temple eût été son image,
Avec ses traits, son souris, ses appas,
Son art de plaire et de n’y penser pas,
Ses agréments à qui tout rend hommage.
J’aurais fait voir à ses pieds des mortels
Et des héros, des demi-dieux encore,
Même des dieux : ce que le monde adore
Vient quelquefois parfumer ses autels.
J’eusse en ses yeux fait briller de son âme
Tous les trésors, quoique imparfaitement ;
Car ce cœur vif et tendre infiniment
Pour ses amis, et non point autrement ;
Car cet esprit, qui, né du firmament,
A beauté d’homme avec grâce de femme,
Ne se peut pas, comme on veut, exprimer.
Ô vous, Iris, qui savez tout charmer,