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Un vrai mouton de sacrifice :
On l’avait réservé pour la bouche des dieux.
Gaillard corbeau disait, en le couvant des yeux :
Je ne sais qui fut ta nourrice ;
Mais ton corps me paraît en merveilleux état :
Tu me serviras de pâture.
Sur l’animal bêlant à ces mots il s’abat.
La moutonnière créature
Pesait plus qu’un fromage ; outre que sa toison
Était d’une épaisseur extrême,
Et mêlée à peu près de la même façon
Que la barbe de Polyphême.
Elle empêtra si bien les serres du corbeau,
Que le pauvre animal ne put faire retraite :
Le berger vient, le prend, l’encage bien et beau,
Le donne à ses enfants pour servir d’amusette.