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IX

L’ANE CHARGÉ D’ÉPONGES ET L’ANE CHARGE DE SEL

Un ânier, son sceptre à la main,
Menait en empereur romain
Deux coursiers à longues oreilles :
L’un, d’éponges chargé, marchait comme un courrier,
Et l’autre, se faisant prier,
Portait, comme on dit, les bouteilles :
Sa charge était de sel. Nos gaillards pèlerins,
Par monts, par vaux et par chemins,
Au gué d’une rivière à la fin arrivèrent,
Et fort empêchés se trouvèrent.
L’ânier, qui tous les jours traversait ce gué-là,
Sur l’âne à l’éponge monta,
Chassant devant lui l’autre bête,
Qui, voulant en faire à sa tête,