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Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 1.djvu/148

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LIVRE II.

Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l’exil de l’un ; que l’autre le chaſſant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne regnera plus ſur l’herbe des prairies,
Viendra dans nos marais regner ſur les roſeaux ;
Et nous foulant aux pieds juſques au fond des eaux,
Tantoſt l’une, & puis l’autre ; il faudra qu’on patiſſe
Du combat qu’a cauſé madame la Geniſſe.
Cette crainte eſtoit de bon ſens.
L’un des Taureaux en leur demeure
S’alla cacher à leurs dépens,
Il en écraſoit vingt par heure.
Helas ! on voit que de tout temps
Les petits ont pati des ſottiſes des grands.