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FABLES CHOISIES.


Je tâche d’y tourner le vice en ridicule,
Ne pouvant l’attaquer avec des bras d’Hercule.
C’eſt là tout mon talent ; je ne ſçay s’il ſuffit.
Tantoſt je peins en un recit
La ſotte vanité jointe avecque l’envie,
Deux pivots ſur qui roule aujourd’huy notre vie.
Tel eſt ce chetif animal
Qui voulut en groſſeur au Bœuf ſe rendre égal.
J’oppoſe quelquefois, par une double image,
Le vice à la vertu, la ſottiſe au bon ſens ;
Les Agneaux aux Loups ravissans,
La Moûche à la Fourmy ; faiſant de cet ouvrage
Une ample Comedie à cent actes divers,
Et dont la ſcene eſt l’Univers.