Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 3.djvu/208

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Voila mes Chiens à boire ; ils perdirent l’haleine,
Et puis la vie ; ils firent tant
Qu’on les vid crever à l’inſtant.
L’homme eſt ainſi baſti : Quand un ſujet l’enflâme
L’impoſſibilité diſparoiſt à ſon ame.
Combien fait-il de vœux, combien perd-il de pas ?
S’outrant pour acquerir des biens ou de la gloire ?
Si j’arrondiſſois mes eſtats !
Si je pouvois remplir mes coffres de ducats !
Si j’apprenois l’hebreu, les ſciences, l’hiſtoire !
Tout cela, c’eſt la mer à boire ;
Mais rien à l’homme ne ſuffit :
Pour fournir aux projets que forme un ſeul eſprit