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Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 3.djvu/59

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Rarement la Fortune à ſes hoſtes le laiſſe.
Ne cherchez point cette Déeſſe,
Elle vous cherchera ; ſon ſexe en uſe ainſi.
Certain couple d’amis en un bourg étably,
Poſſedoit quelque bien : l’un ſoûpiroit ſans ceſſe
Pour la Fortune ; il dit à l’autre un jour :
Si nous quittions noſtre ſejour ?
Vous ſçavez que nul n’eſt prophete
En ſon païs : Cherchons noſtre avanture ailleurs.
Cherchez, dit l’autre amy, pour moy je ne ſouhaite
Ny climats ny deſtins meilleurs.
Contentez-vous ; ſuivez voſtre humeur inquiete ;
Vous reviendrez bien-toſt. Je fais vœu cependant
De dormir en vous attendant.
L’ambitieux, ou ſi l’on veut, l’avare,