Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/12

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L’emporterent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon ame ſatisfaite :
Je reviendray dans peu conter de poinct en poinct
Mes aventures à mon frere.
Je le deſennuiray : quiconque ne void guere
N’a guere à dire auſſi. Mon voyage dépeint
Vous ſera d’un plaiſir extrême.
Je diray : J’eſtois-là ; telle choſe m’avint,
Vous y croirez eſtre vous-meſme.
À ces mots en pleurant ils ſe dirent adieu.
Le voyageur s’éloigne ; & voila qu’un nuage
L’oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un ſeul arbre s’offrit, tel encor que l’orage
Mal-traita le Pigeon en dépit du feüillage.