Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/160

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Je foudroye à diſcretion
Un lapin qui n’y penſoit guere.
Je vois fuir auſſi-toſt toute la nation
Des lapins qui ſur la Bruyere,
L’œil éveillé, l’oreille au guet,
S’égayoient & de thim parfumoient leur banquet.
Le bruit du coup fait que la bande
S’en va chercher ſa seureté
Dans la ſoûterraine cité :
Mais le danger s’oublie, & cette peur ſi grande
S’évanoüit bien-toſt. Je revois les lapins
Plus gais qu’auparavant revenir ſous mes mains.
Ne reconnoiſt-on pas en cela les humains ?
Diſperſez par quelque orage
À peine ils touchent le port,
Qu’ils vont hazarder encor
Même vent, même naufrage.