Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/171

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Force moutons parmi la plaine.
Il naquit un Lion dans la foreſt prochaine.
Apres les complimens & d’une & d’autre part,
Comme entre grands il ſe pratique,
Le Sultan fit venir ſon Viſir le Renard,
Vieux routier & bon politique.
Tu crains, ce luy dit-il, Lionceau mon voiſin :
Son pere eſt mort, que peut-il faire ?
Plains plûtoſt le pauvre orphelin.
Il a chez luy plus d’une affaire ;
Et devra beaucoup au deſtin
S’il garde ce qu’il a ſans tenter de conqueſte.
Le Renard dit branlant la teſte :
Tels orphelins, Seigneur, ne me font point pitié :
Il faut de celuy-cy conſerver l’amitié,
Ou s’efforcer de le détruire,