Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1692, tome 4.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et m’ont laiſſé ravir noſtre pauvre Robin ;
Robin mouton qui par la ville
Me ſuivoit pour un peu de pain,
Et qui m’auroit ſuivy juſques au bout du monde.
Helas ! de ma muſette il entendoit le ſon :
Il me ſentoit venir de cent pas à la ronde.
Ah le pauvre Robin mouton !
Quand Guillot eut finy cette oraiſon funebre
Et rendu de Robin la memoire celebre,
Il harangua tout le troupeau,
Les chefs, la multitude, & juſqu’au moindre agneau,
Les conjurant de tenir ferme :
Cela ſeul ſuffiroit pour écarter les Loups.
Foy de peuple d’honneur ils luy promirent tous,
De ne bouger non plus qu’un terme.