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Page:La Fontaine - Le Collectivisme, Tome I, c1901.djvu/12

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LE COLLECTIVISME

services de protection d’une nature tout spécialement délicate.

Nous désignons ainsi notamment l’hospitalisation des vieillards, des invalides, des aliénés, des rachitiques, des malades surtout ; puis encore la surveillance, si difficile et si méticuleuse, de l’hygiène, ces vastes réseaux de conduites qui débarrassent les villes de leurs énormes résidus quotidiens, l’examen des produits alimentaires et la poursuite des falsifications.

D’autre part, comment ne pas signaler et admirer ces organismes, plus pesants à manœuvrer et plus dispendieux à oser, ces organismes de massacre et de ruine, qui plient désormais les peuples entiers sous une identique discipline et une charge identique, les armées ? La collectivité a eu cette audace de loger, d’habiller, de nourrir, de convoyer, de secourir, en des circonstances où le désordre et l’incurie seraient, excusables et excusés, des millions et des millions de soldats.

Et c’est lorsque des sociétés humaines sont parvenues, par un prodige d’inhumanité, à préparer, dans ses moindres détails, une telle œuvre de mort, de massacre, que l’on ose objecter à ceux qui vont porter aux foules la bonne parole du collectivisme, que les sociétés humaines sont incapables, par un prodige d’amour, de faire œuvre de vie !

Cela sera pourtant, parce que, ainsi que nous venons de l’esquisser, cela est. Comme le bourgeon est né sous la feuille qui tombe et sera la feuille de demain, ainsi, sous les apparences sociales