espèces de fonctionnarisme : l’un que l’on pourrait dénommer le fonctionnarisme officiel, et l’autre que nous appellerons le fonctionnarisme libre.
Le fonctionnarisme libre est celui des grandes usines, des grandes banques, des grandes cultures, des grandes linières ; il a pour caractéristique de ne donner aucune sécurité, aucune garantie à ceux qu’il enrégimente dans ses cadres : les patrons et les administrateurs ont un véritable droit de vie et de mort sur leurs ingénieurs, leurs employés et leurs ouvriers. C’est à peine si un renvoi intempestif assure à celui qui ose se plaindre une légère et dérisoire indemnité.
Le fonctionnarisme officiel est celui des services publics communaux, provinciaux et gouvernementaux ; la discipline qu’il impose est parfois sévère et implacable, mais elle n’est certes ni plus implacable ni plus sévère que celle des entreprises privées.
Mais ce qui attire vers lui la vaste majorité des déshérités et des besogneux, à quelque rang social qu’ils soient placés et malgré le chiffre parfois mesquin des traitements, c’est un avantage à la fois moral et matériel.
Le fonctionnaire public est honoré, et son uniforme, réduit souvent au port obligatoire d’une écharpe ou d’une casquette, symbolise en quelque sorte cette honorabilité. Le fonctionnaire public a la certitude en outre de ne pas mourir de faim s’il devient impotent, de recevoir une pension s’il devient vieux, d’assurer à sa veuve et à