Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ma voix se mêlerait avec leurs chalumeaux.
L’autre jour je surpris au nid une fauvette,
Un rossignol, et deux autres oiseaux :
Je les instruis pour vous ; ils suivent ma musette,
Et chantent sans faillir déjà deux airs nouveaux.
Peut-être aimez-vous mieux de cruels animaux
Si ce don vous plaît davantage,
J’apprivoise deux jeunes ours :
Je n’en puis faire autant de votre humeur sauvage ;
Mes dons vous irritent toujours.
J’ai des forêts, j’ai des campagnes,
Des parcs où vous et vos compagnes
Pourrez chasser : tous ces biens sont à vous.
Recevez-les, beauté céleste,
Avec un autre don que je préfère à tous
C’est mon cœur percé de vos coups.

GALATÉE

Je ne veux ce cœur, ni le reste.

POLYPHÈME

Ah ! cruelle ! c’est trop : gardez que le courroux
Ne me porte à la fin à quelque violence.

GALATÉE

Une déesse ne craint rien.

POLYPHÈME

Qu’Acis craigne du moins, lui de qui l’insolence
Ose me disputer ce qui fait tout mon bien.

GALATÉE

Moi, le bien d’un Cyclope ?

POLYPHÈME

Un Cyclope possède
Ce que l’Olympe a de plus beau.
Il est vrai que Vénus vous cède ;