Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/367

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Ô dieux ! il l’ose encor : le voici ; c’est lui-même.
Malheureux, fuis Polyphème :
Fuis vite ; il n’est pas loin ; s’il te voit… Mais, hélas !
Je parle aux vents ; Acis ne m’entend pas.
Clymène, cours à lui.

GALATÉE, demeurée seule.

Que l’amour a d’alarmes !
Que de soucis rendent amers ses charmes !
Quel dieu jaloux, corrompant ce plaisir,
Voulut qu’il fût mêlé de peines,
Et de ses plus aimables chaînes
Fit un sujet de crainte, ainsi que de désir ?

Scène IV

Galatée, Acis, Clymène, Timandre.

GALATÉE

Fuyez, Acis, fuyez ; je frémis quand je pense
Au sort dont un tyran menace nos amours.

ACIS

Est-il d’autre danger pour moi que votre absence ?
Laissez là le soin de mes jours.

GALATÉE

Qui le prendra que celle qui vous aime ?
Encor si je pouvais vous suivre chez les morts !
Mais vous irez sans moi trouver la Parque blême
Elle rira de mes efforts.

ACIS

Zéphyrs, portez aux dieux ces paroles charmantes.
Citoyens de l’Olympe, avez-vous des amantes,
En avez-vous qui d’un mot seulement
Puissent de Jupiter faire ainsi la fortune ?