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Page:La Fontaine - Théâtre, Herhan, 1804.djvu/388

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Scène I


Phoenix, Achille


PHOENIX.

Dois-je croire, Seigneur, qu’Ulysse ait vainement
Essayé d’adoucir votre ressentiment ?
On dit plus : vous partez, votre flotte nous quitte.
Les Grecs n’ont, après tout, rien fait qui le mérite.
Mais vos amis ! mais moi ! car Phoenix en ceci
Prétend avoir à part ses intérêts aussi.
Je vous ai dans mes bras porté dès votre enfance.
Quand vous eûtes passé ce temps plein d’innocence,
Une jeunesse ardente exigeait d’autres soins ;
Je les pris ; avec fruit : vos faits en sont témoins.
Le succès de ces soins devrait, en récompense,
Donner à mes conseils chez vous plus de créance ;
C’est le prix que j’en veux. Peut-être vous croyez
Par quelque amour pour moi me les avoir payés.
Il est vrai, vous m’aimiez pendant votre jeune âge
Aujourd’hui j’en demande un nouveau témoignage.
Ceux que vous m’en donniez, quand d’un air gracieux,
Enfant, vous ne tourniez que sur moi seul vos yeux,
Ceux que j’en recevais, lorsque votre jeunesse,
En ne me cachant rien, me comblait d’allégresse,
Ne me suffisent pas aujourd’hui que je vois
De ce fatal courroux les Grecs se prendre à moi.
«