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Le Bouif errant

Seule la Princesse Mitzi n’attachait aucune importance aux ordres rageurs du petit homme. Elle affectait de l’ignorer. Ou bien elle le considérait comme une sorte de petit animal familier et encombrant, une espèce de perroquet ou de carlin.

Un jour, elle avait même eu l’audace d’offrir au pygmée un morceau de sucre en lui demandant de faire le Beau.

Cette irrespectueuse manifestation avait prodigieusement vexé le Grand Dignitaire.

Mais, comme il avait une peur atroce du chien Flic, il n’avait pas osé manifester sa colère. Seulement, depuis cet incident, il rendait à Mitzi dédain pour dédain et avait d’air d’ignorer la Princesse. Celle-ci lui en savait un gré infini.

Les premiers rapports de l’avorton avec le nouveau Roi de Carinthie manquèrent également de Décorum.

En montant dans l’automobile royale, Bicard s’était assis sur le Grand Chambellan. Ce dernier avait hurlé. La Présentation officielle avait sombré dans le ridicule.

Mais le Protocole, insulté dans la personne de son représentant, en garda rancune à Bicard.

Aussi, lorsque le Roi voulut s’asseoir à la place d’honneur, le chambellan s’y opposa.

Les intérêts de la Dynastie ne permettaient pas au monarque de risquer sa vie en s’affichant de la sorte au milieu d’une population peu sûre.

Ce fut donc Sava qui prit la place de Bicard. Ses fonctions de Secrétaire intime lui faisaient un devoir de sacrifier son existence, pour le plus grand Bien de l’État.

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