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Le Bouif errant

de la sorte pour posséder un fond de culotte qui envahit les objets d’art. Quand on a besoin de deux chaises pour y déposer son excédent, on paie un supplément avant de s’asseoir. Je vous prie de vous lever… paquet !

— Hein ? fit le gros homme, ahuri.

— Ne faites pas l’idiot, hurla le singulier client. Lorsqu’on est atteint d’obscénité et de corpulence abusive, on prend garde aux endroits où l’on dépose son derrière. Des pneumatiques comme les vôtres, c’est pas fait pour couver des fleurs. Rendez-moi mon bouquet, s’il en reste.

Tous les naturalistes assurent que le rugissement du tigre laisse indifférent l’éléphant, mais que l’aboiement d’un roquet suffit à effarer la grosse bête. L’homme corpulent ne fit pas exception à la règle et se leva avec tout l’empressement que lui permettait son ampleur.

— Je vous demande mille fois pardon, monsieur.

— C’est du propre ! grogne le roquet en exhibant, comme pièce justificative, un paquet oblong, enveloppé dans un journal et lamentablement aplati par le poids du rouleau compresseur qui l’avait opprimé vingt minutes.

— Quel dommage ! fit la caissière. De si jolies fleurs !

Le garçon aidait de son mieux la victime à réparer le désastre.

Le lilas blanc n’avait pas résisté, mais les œillets étaient encore présentables.

— Monsieur, déclara l’auteur de l’accident, si je pouvais personnellement remplacer…