Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
Le Bouif errant

core souple et exagérait une croupe volumineuse. Absorbée par sa contemplation, elle n’avait pas entendu la porte de la chambre s’ouvrir doucement. Le nez dans sa branche de lilas, Mme Soupir exhalait une plainte de colombe :

— Coco !… Ah mon coco !… Mon coco !

— Ah gosse ! murmura dans son oreille une voix un peu enrouée, tandis qu’une moustache raide comme une brosse à dents s’écrasait sur sa nuque et, que deux mains, garnies chacune d’un œillet blanc, l’attiraient en chiffonnant vigoureusement le contenu du peignoir rose.

Un juron retentissant dissipa tout à coup le rêve éveillé de la sentimentale concierge.

Elle était dans les bras de l’ami de Mlle Coqueluche.

— Ah ! monsieur, c’était donc vous ? fit-elle en se comprimant la poitrine. Vous m’avez fait une émotion !…

Mais le nouveau venu abrégea ces manifestations extérieures.

— Qu’est-ce que c’est que ces façons de s’introduire dans les vêtements des locataires pour exploiter des confusions légitimes ? Qui vous a permis de mettre ces frusques ?

Mme Soupir, blessée par cette accusation, montra une grande dignité.

— Via conscience est un temple, fit-elle. Je ne rougis jamais de mes actions. Et si j’ai endossé cette matinée, c’est parce qu’elle m’a été donnée, tout à l’heure, par Mlle Coqueluche en personne, monsieur Bicard.

Car c’était le singulier client de la boutique de