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Le Bouif errant

— Cousine, murmura Sava à l’oreille de Mitzi, tant que j’aurai dans les veines un goutte de sang, vous ne subirez point cette ignominie.

— Promettez-moi de me tuer avant. N’est-ce pas ?

— Silence dans les rangs, fit Bicard. Les ceusses qui se tuent ne vivent pas vieux. Nous ne sommes pas encore des vaincus, puisque c’est nous qui attaquons. J’ai idée qu’en disposant les fusils de façon ingénieuse, derrière les rochers, on pourra bluffer les Carnibales qui ont l’air de ballots de premier choix… Reposons-nous, pour tenir conseil. Avant d’attaquer les Sauvages, Robinson Crusoé avait pris des dispositions estratégiques.

— D’abord, demanda le Prince, es-tu sûr d’avoir vu des anthropophages ?

— Je n’ai pas l’habitude de mettre en boîte les Copains riposta le Bouif indigné. Est-ce que j’ai fait du boniment quand j’ai trouvé une caisse de flingots ? Une caisse envoyée, en colis postal, par la Providence des Robinsons ? Tout ce qui arrive est prévu et je n’ai eu qu’à suivre, à la lettre, les instructions du parfait naufragé des îles désertes pour découvrir, sur le sable, des traces de pas exotiques représentées par ce soulier Louis XV.

— Il sortit de sa ceinture une mignonne chaussure découverte.

Mitzi n’eut pas besoin de prendre une loupe pour identifier cette épave.

— Une Parisienne ici ?

— Ce n’est pas une Parigote. C’est une volaille d’un autre genre avec un anneau dans le nez et des pendentifs aux oreilles. Rien qu’en l’apercevant,